Le Tour d'Espagne, terrain de jeu des Français ?

Cette année, le bilan des Français dans les Grands Tours est loin d'être reluisant. Pourtant, ce magnifique Tour d'Espagne est en train de changer la donne. Et si les coureurs tricolores devaient revoir leur copie ?








Les Chiffres 2013
Tour d'Italie 2013, Bilan : Aucune victoire, meilleur français, Mourey 20ème. Tour de France 2013 : Une seule victoire d'étape avec Riblon, français le mieux classé : Bardet 15ème. Tour d'Espagne 2013 après la 16ème étape : déjà trois victoires (2 pour Barguil et une Geniez), Pinot 7ème et meilleur jeune (même si sur la Vuelta, il n'y a pas de maillot distinctif) et enfin Edet maillot à pois sur le dos. Dans ces chiffres tout est dit; le Tour d'Espagne réussi mieux aux coureurs tricolores cette année.

La Vuelta comme principal objectif ?
Normal, le profil de cette Vuelta 2013 convient mieux aux qualités des coureurs de l'hexagone. Moins de chrono, d'étape plate et plus de profils escarpés et montagneux. Surtout, la pression médiatique est beaucoup moins forte et l'attente de résultats se fait moins ressentir. Résultats, les tricolores s'offrent une bouffée d'air frais.
Alors une petite question se pose ? Ne vaudrait-il pas mieux faire du Tour d'Espagne un objectif sérieux plutôt que de rester dans l'ombre sur un Tour de France certes plus attractif mais avec un parcours qui correspond moins aux seconds couteaux français. Une 5ème place sur le Tour d'Espagne ne vaut pas-t-elle plus qu'une 15ème sur le Tour de France ? Il y a débat.

Pinot n'a plus peur des descentes

La première preuve est faite par la réussite de Thibaut Pinot. Peu en verve sur la Grande Boucle, le franc-comtois renait et se frotte au gratin mondial. Dans les roue de Nibali, Valverde et consort, le coureur de la FDJ.com peut enfin exprimer tout son talent. Il devrait cependant attaquer moins souvent et suivre un peu plus les roues des leader pour prétendre mieux qu'un top 10 cette année. A l'instar de David Moncoutié, autre coureur dont le climat espagnol lui a fait le plus grand bien (8ème en 2008, 4 fois meilleur grimpeur), il faudrait penser à revoir sa copie et privilégier un Tour d'Espagne de plus en plus attractif et loin d'être ridicule devant sa grande sœur le Tour de France. Le Français, en tête lors des descentes (incroyable) montre qu'il sera bientôt un prétendant à un podium final dans un Grand Tour, mais lequel ? Il faut souligner que le leader de la FDJ.com est bien entouré. Avec le grimpeur de poche, Kenny Elissonde et Alexandre Geniez (vainqueur d'une très belle étape), il a une garde rapprochée qui pourrait bien l'aidé lorsque la route s’élève. L'objectif de Marc Madiot de faire de son équipe la meilleure du monde dans les années à venir pourrait bien se réaliser. Si on ajoute à ça la victoire de Bouhanni au GP de Fourmies devant Greipel, on comprend mieux son enthousiasme.

Les Français à la Grinta Espagnole
Avec les succès de l'impressionnant Warren Barguil (Argos Shimano), les téléspectateurs français ont pu voir la naissance d'un nouveau talent. Le vainqueur du Tour de l'Avenir 2012 (Pour une seconde derrière le Colombien Chamorro, coureur dans la même lignée que les Quintana, Uran et consort) prouve qu'il est bien l'un des coureurs de demain. Sa chute survenue lors de la 13ème étape l'a éloigné du général alors qu'il pointait juste derrière Thibaut Pinot. Un mal pour un bien puisque loin au classement, il a réussi à prendre des échappées et faire admirer au peloton espagnol toute sa classe. En témoigne cette 16ème étape gagnée de main de maître pour quelques centimètres devant Rigoberto Uran (2ème du Giro 2013), excusez-moi du peu ! On peut découvrir aussi le coureur de la Cofidis, Nicolas Edet, le sarthois d'origine est l'autre surprise de ce Tour d'Espagne. Maillot à pois sur le dos, il peut encore espérer le garder jusqu'à Madrid. Mais aura-t-il assez de force pour se placer dans une échappée fleuve avant le final ? Le Français a déjà beaucoup donné, mais il perpétue la tradition de l'équipe d'Yvon Sanquer sur le Tour d'Espagne (Grâce à Moncoutié) qui sera sûrement invitée une nouvelle fois l'année prochaine. D'autant plus que Yoann Bagot, est loin de faire une Vuelta ridicule et toque à la porte du Top 20.

Un tremplin pour le Tour de France
 Ces résultats français prouvent une chose : Il va falloir compter dans les années à venir sur ses jeunes tricolores. Le Tour d'Espagne peut servir de tremplin à cette jeune génération comme pour Christopher Froome, 2ème en 2011 et récent vainqueur de la Grande Boucle mais aussi Vincenzo Nibali lui-même, vainqueur en 2010 pour ensuite devenir le réel leader de course par étape. D'autant plus que la concurrence cette année est féroce grâce à un Mondial plutôt pour les grimpeurs.La Vuelta étant la meilleure préparation. Nibali, Rodriguez, Valverde, Uran. Que de tête d'affiche qui ne serait pas venu dans les années précédente. Mal placé dans le calendrier, le Tour d'Espagne devient un vrai objectif et un pourvoyeur de nouveau talent. De là à faire concurrence au Tour de France ? On en est encore loin.